C'est en vain que tu te lèves tôt ou que tu te couches tard

Prédication

Il y a des hasards de calendrier qui font sens : en plein rush de la rentrée, alors que toutes les activités paroissiales reprennent leur rythme, que les projets germent dans l’esprit, que les bonnes résolutions d’automne titillent l’esprit, ce rappel, presque cinglant : « c’est pour rien que tu te lèves avant le jour. C’est en vain que tu te couches si tard. » C’est en vain, si tu oublies que celui qui se lève le premier, qui se couche le dernier et qui œuvre à travers tous tes élans, tes projets, c’est l’Eternell. C’est en vain si tu crois que ta volonté suffit, que c’est elle qui changera le monde, appuyée éventuellement de ton travail.

Oui, cela fait sens, en ce début de nouvelle année paroissiale, de recevoir ce rappel : n’oubliez pas l’essentiel, n’oubliez pas le fondement, n’oubliez pas Dieu. Cela paraît difficile peut-être que d’envisager qu’on puisse oublier Dieu dans une paroisse te c’est sans doute forcer le trait – du moins je l’espère sincèrement. Mais la pente est là, et nous y glissons sans doute plus souvent que nous ne voudrions bien le reconnaître… faire parce qu’on se dit qu’il « faire quelque chose », parce qu’inconsciemment on se dit que ça va « justifier notre existence », nous donner un sens et une raison d’être là, ou, dans le cas des ministres, justifier notre salaire.

Mais faire n’a de sens que si c’est Dieu qui fait, si nous nous inscrivons à sa suite, dans son souffle, si c’est lui qui inspire nos gestes et nos retenues, nos paroles et nos silences. Faire n’a de sens en fait que s’il s’agit de laisser faire Dieu en nous, à travers nous.

C’est en laissant faire Dieu à travers nous, en nous, que quelque chose peut fleurir, puis porter du fruit, plutôt que de rester buée évanescente… C’est en laissant faire Dieu à travers nous, comme Marie, que nous pouvons nous aussi porter un fruit christique, un fruit qui est Parole de vie autour de nous. Ce fruit là, comme un enfant, se prépare en nous, à partir de ce que nous sommes, avec nos forces, mais d’une certaine manière sans nous : le développement de l’enfant dans le ventre de sa mère ne dépend pas de la volonté de sa mère, et encore moins de l’exactitude de ses connaissance biologiques et physiologiques – heureusement ! Le fruit spirituel que nous pouvons porter relève du même type de processus. Il ne se forme pas à la force de notre poignet et de notre volonté, à la sueur de notre front ou en ayant payé le prix de la souffrance, mais en laissant faire Dieu le premier. De l’extérieur, peut-être que la différence est à peine perceptible : on fait son programme de kt de toute façon. Mais en fait cela change tout : préparer un énième programme de kt parce qu’il faut le faire, ou le préparer parce qu’on se laisse soi-même catéchiser par Dieu et qu’on choisit de partager ce chemin avec d’autre, cela change en réalité tout, pour soi comme pour les autres.

Et d’ailleurs cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas travailler, qu’il faut arriver les mains dans les poches à une séance de kt, en n’ayant rien préparé du tout. Mais peut-être que la plus grande préparation, c’est la prière dans laquelle on demande à Dieu de bien vouloir faire de nous un instrument de sa paix et de son amour.

Je prends ici l’exemple du kt, mais la démarche est évidemment transposable à tout le reste, en paroisse comme dans nos vies personnelles.

Avant de faire quoi que ce soit, se remettre dans la prière entre les mains de celui qui est la source de toute vie, de tout projet qui porte la vie, et lui demander son aide, lui offrir nos mains, nos mots, nos oreilles, notre cœur, notre intelligence. Voilà ce à quoi nous invite le psalmiste en ce début d’année. C’est ainsi que nous choisissons la vie, afin de vivre nous, et nos descendances biologiques et spirituelles.

Amen

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