Psaume 48 : les étapes de la transmission

Prédication

Il y a des pages de la Bible qui me touchent profondément à la première lecture… et ce psaume n’en fait pas partie. Voilà, c’est comme ça et c’est normal que sur les centaines de pages de la Bible toutes n’aient pas la même intensité spirituelle pour nous, ni la même intensité spirituelle tout court. Si je n’avais pas eu à préparer l’office de ce midi, si j’étais tombée sur ce psaume en cherchant une parole pour nourrir ma spiritualité cette semaine… j’aurais simplement tourné la page et ouvert ma Bible ailleurs. Mais voilà, nous faisons une lecture suivie du livre des psaumes, et je n’avais pas ce choix-là ! J’ai donc creusé un peu, pour y trouver quand même quelques pépites à partager avec vous. Et la bonne nouvelle, c’est que, comme le dit Jésus dans un autre page de cette immense bibliothèque, « cherchez, et vous trouverez ».

Ma première pépite est venue de la résonance qu’a eue pour moi la première phrase du psaume, après le titre : « L’Eternel est grand » avec la phrase rendu tristement célèbre par les terroristes « Allahu akbar ». On la traduit souvent par « Dieu est grand », même si c’est plutôt « Dieu est le plus grand ». Il y a là une intuition spirituelle commune : Dieu est grand, il est même le plus grand. Plus grand que nous bien sûr, même s’il est bon parfois de le rappeler. Plus grand aussi que toute autre puissance qui peut nous écraser, y compris la mort. Plus grand que nos peurs les plus intimes et les plus sombres. L’Eternel est grand, comme un mantra à se redire pour traverser toutes nos épreuves et se rappeler qu’elles ne sont pas le tout de nos vies.

Ma deuxième pépite est que ce Dieu qui est si grand se fait aussi tout proche. Le psaume s’émerveille de ce que YHWH, que je traduis par l’Eternel, celui qui s’est fait proche du peuple d’Israël, qui s’est présenté à lui avec un nom propre, celui qui s’occupe de ses petites affaires internes, est le grand Dieu, Elohim, le Dieu créateur. « Ce Dieu-là est notre Dieu. » Oui c’est incroyable de penser que nous, poussières dans l’univers en même temps que poussière d’étoiles, êtres vivants un temps infime au regard de l’histoire de l’univers, nous sommes les enfants bien-aimé.es de celui qui est la source de la vie. « Il nous guide jusqu’à la mort » insiste le psaume. J’ai constaté que plusieurs traductions enlèvent la fin de la phrase et s’arrêtent à « il nous guide ». Evidemment, « il nous guide jusqu’à la mort », si on le prend isolément, ça pourrait vouloir dire que Dieu nous mène à notre perte et il vaut mieux dans ce cas omettre la fin de la phrase. Mais le contexte du psaume comme l’entier de la Bible nous invite à comprendre cela comme l’affirmation que Dieu est présent pour nous chaque jour de notre vie, et jusqu’à celui de notre mort. On pourrait traduire par « Dieu nous guide, chaque jour de notre vie, de celui de notre naissance à celui de notre mort. » Si vous y réfléchissez quelques secondes, que le Dieu créateur soit aussi qui se soucie de nous, c’est tout simplement vertigineux. Absolument vertigineux ! Et de cette annonce-là, chaque page de la Bible se fait témoin.

Et, et ce sera ma troisième et dernière pépite, elle nous invite à nous en faire nous aussi témoins. « Nous avions entendu dire… nous avons constaté… nous revivons… vous pourrez raconter... » Le psaume retrace les étapes de la transmission de cette bonne nouvelle que Dieu se soucie de nous, qu’il nous veut du bien.

  • Première étape : - nous avions entendu dire… : si nous sommes là ce midi, c’est que d’une manière ou d’une autre nous avons entendu dire nous aussi. Nous en avons entendu parler un jour par d’autres qui nous en ont parlé, ou par d’autres qui ont écrit. Et cela nous a interpellé suffisamment pour que nous cherchions à en savoir plus, ou bien cela a rencontré une expérience ou une intuition spirituelle qui cherchait des mots pour se dire. Pour que la Bonne nouvelle se transmette, il faut en tout cas en parler, et pas seulement les pasteurs !

  • Deuxième étape : - nous avons constaté. Ce n’est pas tout à fait du fact-checking mais presque. Entendre parler de la bonne nouvelle c’est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant, encore faut-il que nous puissions vérifier et constater qu’elle est vraie pour d’autres. Ces autres qui nous en ont parlé, vivent-ils de ce dont ils nous on parlé ? Vivre de cette bonne nouvelle d’un Dieu qui se soucie de nous, ça ne veut pas dire être épargné par les difficultés de la vie, ni être parfait.e. ça veut « juste » dire, avancer dans la vie en se sachant aimé, en se sachant espéré, en restant vivant et espérant au cœur des ténèbres.

  • Troisième étape : - nous revivons. C’est la suite immédiate de la constatation. La Bonne nouvelle dont nous avons entendu parlé, dont nous avons pu constater qu’elle était réalité agissante dans la vie des témoins, il y a un moment où elle devient vraie pour nous, personnellement. Une expérience mystique parfois, plus souvent une relecture de vie qui fait prendre conscience qu’on a jamais été seul.e, quoi qu’on ait pu penser sur le moment, ou l’adhésion pas toujours explicable de notre être à cette Parole qui nous rencontre, ou la transformation vivifiante que cette Parole apporte dans notre vie. Quelque chose se passe qui emporte notre adhésion. Pour rappel, dans le mot amen, il y a la notion d’adhésion à quelque chose de solide.

  • Quatrième étape : - vous pourrez raconter. Vous pourrez raconter à votre tour la bonne nouvelle, parce que nous vous en auront parlé, elle sera devenue vraie pour vous aussi, et la transmission pourra se poursuivre.

Pour que les enfants qui naissent aujourd’hui puissent savoir eux aussi que le Dieu créateur les a espérés et désirés, qu’il les aime comme il a espéré, désiré, aimé, chaque enfant depuis toujours et pour toujours. Amen

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