Psaume 72 : Dieu comme seul Seigneur et roi !

Prédication

Chacune de nos décisions est, que nous en ayons conscience ou pas, une bataille entre toutes celles et ceux qui prétendent avoir un droit pour diriger et contrôler ma vie. Si je cherche une place de parc, il y a les places autorisées et celles où je ne peux pas me garer et la tentation, parce que c’est « juste pour une minute », de me garer là où ce n’est pas permis, et la tentation, parce que « lui aussi le fait tout le temps » ce se garer là où c’est vraiment ricrac, en risquant de coincer le voisin comme il m’avait coincée la semaine dernière…

Si je prépare la fête de Noël, il y a ce que publicitaires, journalistes plus ou moins bien intentionnés me soufflent de ce que de devrait comporter une fête réussie, il y a l’image que j’aimerais donner de moi – une bonne maîtresse de maison, capable de réussir de beaux plats de fête, une décoration de toute beauté tout en pouvant présenter des enfants propres et polis – la fidélité ou pas aux traditions familiales (de l’étoile ébréchée héritée de l’arrière grand-mère à « petit papa Noël), la liste des invitées (ceux que j’ai vraiment envie de recevoir, ceux que je dois recevoir et ceux que je voudrais recevoir mais je ne peux pas parce qu’il y a un conflit familial latent et que personne ne se risquerait à mettre dans la même pièce le cousin Marc et son père).

Quand je dois décider si je déménage ou pas, il y a tous ces parents et amis qui ont leur avis plus ou moins éclairé sur la question, la peur du changement, l’espoir que ce changement m’apporte tout ce dont je rêve.

Au moment d’entrer en profondeur dans une relation, l’enfant blessé en moi répète en boucle qu’il vaut mieux ne pas trop en dévoiler vu que la trahison ou la mort sont toujours possibles et la souffrance certaine, pendant que l’enfant divin en moi regarde d’abord la joie de cet amour ou de cette amitié partagée. La raison nous souffle une chose, le cœur une autre.

Oui, pour le dire avec Paul, il y a bien des puissances d’en haut ou d’en bas qui élèvent la voix en nous au moindre choix. Notre vie est faite des ces petits choix quotidiens qui n’ont l’air de rien mais qui colorent parfois bien plus profondément notre vie que nos grandes décisions, celles pour lesquelles nous hésitons consciemment, dressant des listes d’arguments pour et contre.

La promesse biblique, c’est que Dieu est fondamentalement le seul seigneur de nos vies. Vous avez sans doute remarqué que j’utilise peu le mot Seigneur pour parler de Dieu, préférant celui d’Eternell. C’est certes que dans les textes de la bible hébraïque le mot Seigneur est mis à la place du nom propre, imprononçable, de Dieu et que je trouve Eternell plus proche de ce nom propre que Seigneur. C’est aussi, et surtout, que l’imagerie associée à ce mot me semble bien loin de la seigneurie pratiquée par notre Dieu. Peut-être ai-je trop lu de romans dans lesquels le seigneur est abusif, écrasant ses serfs jusqu’à la misère noire, violant les filles, guerroyant sans cesse, intéressé seulement par la gloire et la puissance… j’ai toujours préféré Robin des bois au roi Jean et je ne me vois pas m’adresser à Dieu en lui disant « Seigneur ».

Mais il y a une vraie bonne nouvelle dans le fait que Dieu soit seul Seigneur de notre vie. Parce que sa manière d’être seigneur et roi, c’est toujours de libérer, de prendre soin et d’élever notre être. Le roi dont parle le psaume, c’est Dieu lui-même, seul capable d’exercer cette royauté dans laquelle le droit des malheureux est respecté, les pauvres considérés et soignés, libérés de l’oppression et de la violence pour recevoir la vie en abondance.

Notre Dieu est ce roi là pour chacun.e de nous. Et cela est profondément libérant ! Dans chaque choix que je fais, quand toutes ces voix voulant emporter ma décision se font entendre, je peux prendre souffle et me redire que Dieu seul a seigneurie sur ma vie. Toutes ces voix sont précieuses, pour autant qu’elles ne prétendent pas être la seule à écouter ou détenir la vérité ultime de ma vie. Quand la responsabilité de choisir m’écrase, je peux prendre souffle et me redire que Dieu est un roi qui prend soin de moi, qui viendra me chercher si je me suis trompée. Je peux prendre souffle et faire silence pour écouter sa voix qui me murmure « je suis avec toi et je t’aime ». Et puis choisir d’insuffler autour de moi un peu de cette seigneurie.

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