Prédication
Le royaume de Dieu est comme une année de catéchisme. Et peut-être aussi comme une année dans un groupe de prière, où des mots sont semés qui touchent parfois de manière bien inattendue, et même sans que la personne qui les a dits le sache. Et encore, le royaume de Dieu est comme les accompagnements de familles pour un baptême, un mariage ou un service funèbre : une rencontre dont on ne sait jamais quels fruits elle va porter, sinon que, enracinés dans la Parole ces fruits seront bons. Et encore, le royaume de Dieu est comme une paroisse, à l’ombre de laquelle nous rêvons que de nombreuses personnes puissent venir trouver refuge, repos et nourriture.
Jésus utilise des images de la vie quotidienne pour dire le Royaume de Dieu, une réalité qui vient faire irruption dans notre quotidien et l’ouvrir la puissance de transformation de Dieu. Ce qu’il cherche à dire relève du mystère, à la fois infiniment précieux et invisible pour les yeux : une présence d’amour. Comment dire cet amour ? Jésus utilise bien des mots, bien des gestes, selon les circonstances, selon les personnes. Parfois il explique, parfois pas. Il nous donne à penser, à aimer, à vivre. Chaque génération doit refaire ce travail de dire ce qui dépasse nos mots, de chercher des images pour dire le Royaume.
Et chaque génération doit être vigilante à ne pas prendre ses images pour le Royaume ! Le Royaume n’est pas une graine, il est comme une graine, par certains côtés. De même le Royaume est comme une année en paroisse, par certains côtés. Parce qu’on peut retrouver en paroisse une confiance qui nous émerveille quand deux personnes s’engagent dans une vie commune, un devenir à l’oeuvre quand une personne se relève après une épreuve, une joie devant les trésors qu’offre chaque partage biblique. Tout cela, nous le vivons jour après jour et c’est véritablement une grâce.
Mais le Royaume de Dieu n’est pas une année en paroisse ! D’abord parce que si nous y vivons réellement quelque chose de l’ordre du Royaume, c’est mêlé de bien d’autres éléments douteux ou douloureux... Au point même que dans le quotidien on ne voit parfois qu’eux, et que c’est un exercice spirituel exigeant que de s’arrêter pour prendre le temps de discerner autre chose que ces éléments perturbateurs.
Jésus nous invite par ses paraboles à chercher nos propres images pour dire le Royaume de Dieu… et il nous invite aussi à chercher notre place dans les paraboles qu’il utilise.
Et si nous devions chercher une place pour notre paroisse dans l’image proposée par Jésus, je crois que ce serait celle d’une famille d’oiseaux. La minuscule graine pourrait être Jésus lui-même, dont la vie, la mort et la résurrection ont été mises en mots pour être racontées, transmises, en une histoire qui est devenue au fil des siècles un arbre immense. Dans cet arbre, notre communauté serait l’une des familles d’oiseaux du ciel qui vient y abriter ses fragilités, ses fatigues, ses amours, ses élans de vie, ses amitiés, ses peurs, ses erreurs, ses blessures, son chant.
Un chant pour dire cet arbre, pour le raconter avec nos mots et nos paraboles.
Oui, quand Jésus parle en paraboles, il nous invite sur le chemin de la poésie et de l’imagination. A nous de le suivre pour dire à notre tour, à notre façon, cette Parole de Vie qui a transformé, qui transforme et que transformera de nombreuses vies, hier, aujourd’hui et demain.
Amen