Dans beaucoup de villes de l’Empire romain, il y avait des communautés juives. Il y en avait une aussi à Rome, la capitale de l’Empire. Priscille, et son mari Aquilas, en faisaient partie. Ils étaient des commerçants aisés de Rome, fabricants de tentes et de voiles, et membres actifs de la synagogue de Rome. C’est là que tous deux ont entendu parler pour la première fois de Jésus de Nazareth, cet homme qui disait des choses étonnantes et qui faisait des choses extraordinaires. C’est là qu’ils ont entendu parler de sa vie, de son enseignement, de sa mort et de sa résurrection.
Priscille a été transformée par cette histoire : elle qui jusque-là avait été une femme plutôt tranquille a soudain brûlé de partager ce qu’elle avait découvert grâce à Jésus. Depuis qu’elle avait entendu parler de Jésus, elle voyait des choses qu’elle ne voyait pas auparavant, elle entendait des choses qu’elle n’entendait pas auparavant, elle faisait des choses qu’elle ne faisait pas auparavant. Par exemple, elle prenait la parole en public, peu importe le nombre de personnes présentes, et elle parlait de Jésus.
Dans la synagogue de Rome, il y avait beaucoup de discussions, pas toujours tranquilles, à propos de Jésus, qu’on commençait à appeler le Christ – ça veut dire celui qui a reçu une marque de bénédiction de Dieu. Plusieurs fois, ces discussions ont donné lieu à des bagarres parce que l’histoire de Jésus dérangeait. Les soldats ont dû intervenir pour ramener le calme dans la synagogue. Alors l’empereur Claude a décidé d’expulser tous les juifs de Rome.
Priscille et Aquilas, comme tous les autres, ont dû partir. Priscille a empaqueté toutes les affaires qu’il leur fallait, elle a vendu le reste, Aquilas a vendu leur fonds de commerce, et ils sont partis. Voyager, à l’époque, c’était long et c’était dangereux : les moyens de transport n’étaient pas toujours très fiables, et il y avait parfois des bandits. Et puis partir pour aller où ? Priscille et Aquilas ont décidé de partir en direction du Pont – aujourd’hui c’est une région qui fait partie de la Turquie et c’était de là que venait Aquilas.
Sur le chemin, ils sont passés par Corinthe, une très grande ville commerciale, au carrefour de routes terrestres et maritimes, dans laquelle il y avait aussi une communauté juive importante. Priscille et Aquilas ont été bien accueillis, et comme il y avait à ce moment-là les jeux isthmiques qui se préparaient – l’équivalent de nos jeux olympiques – il y avait besoin de beaucoup de tentes pour les gens qui venaient assister, en plus des voiles dont les bateaux ont toujours besoin. Alors Priscille et Aquilas ont décidé de s’installer là pour un moment.
À Corinthe, très peu de gens avaient entendu parler de Jésus… et Priscille et Aquilas avaient maintenant un peu peur d’en parler vu ce qui s’était passé à Rome. Un jour, un voyageur est arrivé à Corinthe. Il s’appelait Paul, et il avait déjà beaucoup voyagé depuis Jérusalem. Lui aussi avait été transformé par une rencontre avec Jésus : sa haine avait été changée en amour.
Depuis ce jour-là, il voyageait partout pour raconter cette bonne nouvelle qui lui brûlait les lèvres. Priscille a recommencé à brûler elle aussi : elle voulait dire au monde entier comme il était beau et bon de vivre transformée par cet amour ! Elle a beaucoup discuté avec Paul, parce qu’elle avait soif d’apprendre et de comprendre.
Paul est venu travailler avec elle et avec Aquilas : ils partageaient le même métier, fabricants de tentes, et la même passion pour cette bonne nouvelle. Ensemble ils ont parlé, réfléchi, enseigné, annoncé aux juifs et aussi aux non-juifs de Corinthe.
Priscille et Aquilas avaient une grande maison, dans laquelle ils pouvaient accueillir les gens qui voulaient entendre parler de Jésus. Priscille préparait la maison avec soin pour que chacun s’y sente bien, en sécurité, et elle préparait ses enseignements avec attention, pour qu’ils soient faciles et efficaces. C’était beaucoup de travail, et Priscille l’accomplissait avec joie. Avec courage aussi, parce qu’il en faut pour accueillir ainsi dans sa maison beaucoup de gens venus d’un peu partout et qu’on ne connaît pas très bien, pour mélanger hommes et femmes alors que cela ne se faisait pas dans les milieux religieux à ce moment-là. Et il en faut pour raconter une histoire que certains n’ont pas envie d’entendre : à Corinthe aussi il y a eu des bagarres avec des personnes qui pensaient que Jésus était un criminel dangereux, plutôt qu’un envoyé de Dieu. D’autres gens avaient peur d’être punis s’ils parlaient de Jésus en public. La situation était parfois assez compliquée !
Pendant un an et demi, Priscille, Paul et Aquilas ont travaillé ensemble à Corinthe. Beaucoup de gens ont été touchés par leur enseignement. Et puis Paul a décidé qu’il était temps de partir pour parler de cette bonne nouvelle dans d’autres villes. Priscille et Aquilas ont décidé de partir avec lui, pour continuer à travailler ensemble.
Ils sont arrivés à Ephèse, une grande ville commerciale dans laquelle d’autres personnes étaient déjà passées en parlant de Jésus. Il y avait donc une petite communauté de personnes qui suivaient le chemin de Jésus. Paul a confié à Priscille et à Aquilas le soin de prendre soin de cette communauté encore fragile, et il a continué son chemin. Priscille et Aquilas ont donc trouvé une Priscille a accepté cette mission avec joie et confiance : elle aimait enseigner et partager, même si à l’époque l’enseignement n’était pas une chose courante pour les femmes. Il fallait du courage pour enseigner ainsi à des hommes, souvent plus instruits qu’elle !
Priscille et Aquilas ont encore voyagé plusieurs fois entre Rome et Ephèse, continuant à partager la bonne nouvelle qui avait transformé leur vie. On raconte que c’est Priscille – que Paul appelait sa collaboratrice en Jésus – qui a commencé à parler d’Eglise pour désigner les assemblées qui se réunissaient pour parler de Jésus, pour raconter des histoires à propos de lui, pour raconter les histoires du peuple de Dieu. Église, en grec, ça se dit : ekklesia, et ça veut dire « celles et ceux qui ont été appelées ».