Marie de Magdala (fanfiction biblique)

Voici Marie de Magdala. Magdala, c’est la ville d’où elle vient, au bord du lac de Tibériade. On l’appelle Marie de Magdala parce qu’à l’époque beaucoup de femmes s’appelaient Marie, alors il faut bien trouver un moyen de préciser de laquelle on parle !

Marie a vécu quelque chose de très difficile et de très douloureux. On ne sait pas exactement quoi. Ce qu’on sait, c’est que Marie est broyée à l’intérieur. Elle est comme envahie de ténèbres : c’est comme si toute la joie, tout l’amour, tout l’émerveillement, toute la fierté, toute la curiosité, tout le désir de vivre de Marie avait été plié très serré, tassé à l’intérieur d’une minuscule boîte fermée à clé et cachée tout au fond du fond du fond de Marie. Marie ne sait même plus qu’elle a tout cela à l’intérieur d’elle. Elle ne voit plus que le noir des ténèbres. Autour d’elle, certains disent qu’elle est folle, d’autres disent qu’elle est malade. On ne sait pas ce qu’elle a, mais elle fait un peu peur, alors Marie est seule. Seule avec tout ce noir.

Un jour, un homme est venu dans une ville proche de Magdala, Caphernaüm. Cet homme disait des choses si incroyables et faisait des choses si extraordinaires que les gens étaient changés quand il s’approchait d’eux. Une cousine de Marie l’a emmenée voir Jésus, espérant qu’il pourrait faire quelque chose pour elle.

Jésus a regardé Marie, il s’est approché d’elle, elle dont plus personne ne s’approchait. ça a été comme si les ténèbres s’éclaircissaient un peu. Si peu que Marie s’en est à peine rendu compte. Sept jours de suite, la cousine a amené Marie près de Jésus. A chaque fois Jésus a regardé Marie, il s’est approché d’elle, il lui a parlé. Il a fallu sept jours, pour que les ténèbres qui habitaient à l’intérieur de Marie soient chassées, pour que Marie redécouvre les trésors qu’elle avait en elle : joie, amour, émerveillement, fierté, curiosité, désir de vivre, et tant d’autres choses ! Elle était transformée !

Marie a décidé de suivre Jésus, pour apprendre de lui ce qui l’avait transformée, pour apprendre cet amour qui transforme les ténèbres en lumière. Marie est devenue une des amies les plus proches et les plus fidèles de Jésus. Et parce que ce que Jésus faisait et disait était vraiment important, elle l’a aidé aussi : elle aidait à organiser les déplacements, à installer le campement dans les endroits où ils passaient, elle donnait de son argent aussi pour acheter de la nourriture, des vêtements, des chaussures.

Oui, Marie de Magdala a suivi Jésus, jusqu’au bout. Même quand il a été arrêté, même quand il a été mis à mort. Marie n’avait jamais accordé beaucoup d’importance à celles et ceux qui murmuraient contre Jésus, qui disaient qu’il ne respectait pas la Loi, qu’il était un danger pour le vrai culte et pour le peuple. Elle avait confiance dans l’amour de Jésus pour chasser toutes ces ténèbres comme il avait chassé les siennes.

Et pourtant... c’est arrivé : Jésus a été arrêté, condamné et mis à mort. Marie est restée proche de lui tout au long de ce cauchemar, avec quelques autres femmes. Les hommes restaient cachés, ils avaient trop peur d’être arrêtés eux aussi. Mais qui arrêterait des femmes ? Les femmes ne sont pas dangereuses n’est-ce pas ? Elles ne risquent pas de reprendre le flambeau du maître, ce ne sont que des femmes ! Qui les écouterait ? Alors les femmes étaient là : les soldats savaient qu’elles étaient des amies de Jésus, mais ils les laissaient tranquilles. Marie de Magdala était là quand Jésus a été cloué sur la croix. Elle était là quand son dernier souffle s’est échappé de ses lèvres. Elle était là quand il a été descendu de la croix et porté en hâte dans un tombeau.

Les ténèbres sont revenues à l’intérieur de Marie, et tout autour d’elle. Son ami, son maître est mort, et c’est comme si toute la lumière de l’univers avait disparu à la seconde où Jésus avait quitté la vie.

Jésus est mort une veille de shabbat. Le shabbat, c’est le septième jour de la semaine, le jour du repos. On n’a rien le droit de faire le jour du repos : ni de faire la cuisine, ni de travailler, ni de rire ou de danser, rien. Et même, on n’a pas le droit de faire une cérémonie pour rendre hommage à ceux qui sont morts, pour leur dire au revoir.

Pour Jésus, on n’a eu que le temps de préparer rapidement son corps et de le mettre dans une grotte, devant laquelle on a roulé une pierre énorme pour être sûr que personne n’y entre. Pas le temps de dire vraiment au revoir, de réaliser ce qui venait de se passer.

Voilà. Le sabbat est passé. C’est le matin, très tôt. Le jour n’est pas encore vraiment levé et déjà Marie se dépêche sur la route. Comme si elle voulait rattraper le temps perdu à se « reposer » pendant le sabbat. Marie court en direction du tombeau parce qu’elle a besoin, comme toujours, d’être proche de Jésus, proche de son ami. Puisque son corps est là-bas, dans cette grotte, c’est là-bas qu’elle veut être.

Quand elle arrive devant la grotte, elle découvre que la pierre, celle qui était si lourde qu’il avait fallu plusieurs hommes pour la rouler devant l’entrée de la grotte, n’est plus là ! Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est effrayant !

Marie croyait que le pire était déjà arrivé : la mort de celui qu’elle aimait. Mais voici qu’il y a maintenant quelque chose de plus terrible : si la pierre a été roulée, c’est que quelqu’un est entré ! Quelqu’un a volé le corps de Jésus !

Marie se remet à courir, en direction de la ville cette fois. Elle court parce qu’elle a peur, elle ne veut pas rester là. Elle court parce qu’elle veut avertir les amis de Jésus, les disciples. Eux sauront quoi faire, quoi dire. Elle, elle n’a plus de mots.

Quand les hommes ont entendu son histoire, ils n’en ont pas cru leurs oreilles. Marie a l’habitude de ne pas être crue, on l’a si longtemps pensé folle ou malade ! Ils ne l’ont pas crue, alors ils sont allés voir. Pierre et Jean ont couru eux aussi vers le tombeau et ils ont vu. Ils ont vu comme elle la pierre roulée, le tombeau vide où ne restait qu’un linge blanc et quelques bandelettes. Ils ont vu que Marie avait dit vrai. Pierre et Jean sont rentrés vers Jérusalem à pas lourds.

Marie, elle, est restée près de ce tombeau ouvert. Elle n’avait plus la force, elle n’avait plus l’envie, elle n’avait plus rien. Plus rien que le noir à nouveau. Et des larmes. Tellement de larmes. Des larmes qu’elle ne savait même pas qu’elle avait à l’intérieur d’elle.

Marie pleurait. Elle se leva pour aller à l’intérieur du tombeau. Là où aurait dû être son ami, là où il n’était plus. Elle pleurait. Et à travers ses larmes, elle vit dans le tombeau deux anges vêtus de blanc qui lui dirent “Femme, pourquoi pleures-tu ?”

“Parce qu’on a enlevé mon ami.” Marie était trop pleine de larmes et de ténèbres pour reconnaître des anges, pour reconnaître qui que ce soit d’ailleurs. En se retournant, elle a vu un autre homme encore, qui lui a dit lui aussi : “Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?” Encore une fois, Marie a répondu : “Parce qu’on a enlevé mon ami.” Et elle a demandé : “Est-ce toi qui l’as pris ?”

Et l’homme a alors dit doucement : “Marie” Et elle l’a reconnu : c’était lui, son ami, Jésus ! Les ténèbres se sont écartées, la lumière est revenue, formant un arc-en-ciel dans le rideau de ses larmes et elle a dit : “Mon maître ! Mon ami !”

Jésus lui a dit encore, avant de disparaître à ses yeux : “Va trouver mes frères : dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père. Dis-leur aussi qu’avant cela je les retrouverai en Galilée.”

Marie est revenue vers la ville. Sans courir cette fois. Le pas léger, dansant presque, de cette rencontre, de cette lumière retrouvée. Elle a raconté aux disciples ce qu’elle avait vu, ce que Jésus lui avait dit. Elle a transmis la bonne nouvelle qu’il lui avait confiée.

Ils ne l’ont pas crue. Ils ont cru qu’elle était folle de nouveau, que la tristesse avait tout broyé à l’intérieur d’elle une nouvelle fois. Mais Marie savait, elle, qu’elle n’était pas folle. Elle savait que c’était la lumière qui l’habitait maintenant. Elle savait que l’amour de Jésus était plus fort que les ténèbres qui avaient failli l’engloutir. Alors elle a répété, simplement, calmement, courageusement, sans s’arrêter à leurs moqueries et leur incrédulité. Elle a redit ce qu’elle avait vu et entendu, et tant pis s’ils l’ont cru folle.

Ça n’a pas duré de toute façon : plus tard Jésus s’est montré aussi aux disciples. Et Marie a continué à raconter cette lumière plus forte que les ténèbres, cet amour plus fort que la mort.

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