Ma to-do, le shabbat et moi, ou pourquoi c'est si difficile de se reposer vraiment ?

Est-ce que vous aussi vous vous dites tout le temps que vous vous arrêterez quand vous aurez fini “ça” ? Et puis “juste encore ce petit truc” ? Et celui-là aussi, tant qu’on y est, “comme ça c’est fait”… Parfois je me dis que, de fil en aiguille, un jour je vais oublier de manger, de boire ou de dormir.

Et est-ce qu’à vous aussi on vous dit, quand vous posez des vacances, que “c’est bien mérité”, “c’est pas du volé” ou autres équivalents ?

Pour moi, les deux se répondent : si j’ai du mal à lâcher ma to-do (interminable évidemment), c’est entre autres choses parce qu’une petite voix à l’intérieur de moi se demande sans cesse si elle a vraiment mérité de prendre une pause maintenant ? Est-ce que j’en ai assez fait pour pouvoir m’arrêter ? Spoiler alert : ma petite voix estime toujours que non.

Pourtant le repos n’est pas une option, et il ne se mérite pas non plus : c’est une nécessité physiologique qui ne devrait pas se discuter, même pas entre me et myself. Ma liste sera toujours là (la vôtre aussi je vous promets ;-)), bien sage, demain matin, ou après un jour de congé, et même encore après les vacances. Et vous savez quoi ? Le monde ne se sera pas arrêté de tourner parce que je n’aurai pas tout fini ce soir.

Au-delà du repos, j’ai aussi besoin de temps de shabbat, pour utiliser un mot biblique qui évoque la cessation, l’abstention : un temps où je peux non seulement me reposer, reconstituer mes forces, mais aussi me rappeler que ma dignité ne se mesure pas au nombre de coches sur ma to-do, me réjouir du chemin parcouru, penser à tout autre chose, hiberner ou planifier la suite. Du temps non pas libre au sens classique, mais libéré : libéré de toute attente de ma part ou d’autres personnes, libéré de toute obligation de résultat (même de celle de revenir en forme pour travailler encore mieux et plus), libéré de toute préoccupation envers ma valeur en tant qu’être humain. Ce temps-là, je peux le libérer dans mon agenda, je peux mettre en place toutes les conditions pour qu’il advienne, mais souvent j’ai besoin d’un coup de pouce venu de Celui qui le premier a ouvert un tel temps et je le reçois comme un cadeau.

On répète souvent que Dieu s’est reposé le septième jour de la création, après avoir bien travaillé. On oublie alors que d’une part ce travail-là était “gratuit”, sans objectif de productivité ni condition, don d’amour qui n’attend rien en retour. Et que d’autre part après cette première page, il en reste des milliers dans lesquelles Dieu crée de nouveaux possibles. Il n’avait visiblement pas attendu de cocher toutes les cases de sa to-do pour prendre un temps hors du temps, hors de la nécessité. Un temps de pure gratuité. Comme pour nous montrer l’exemple et le chemin !

Et vous savez quoi ? Parfois cela survient : j’ai vécu ce week-end un vrai temps de shabbat et j’en suis profondément reconnaissante !

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